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Sida : combien coûtent nos vies ?

Le démantèlement de la protection sociale et la mise en place d’un impôt sur la maladie

lundi 8 novembre 2004

La droite ne cesse de nous dire que nous sommes trop malades, que nous coûtons trop cher, et qu’il est temps de faire des sacrifices sur nos vies pour pouvoir économiser. C’est la logique mise en oeuvre par la loi démantelant l’Assurance maladie, adoptée cet été. C’est cette logique qui guide les attaques qui ont été faites contre l’Aide Médicale d’Etat depuis deux ans.

Exemples de prise en charge

Hugues est séropositif et malade depuis très longtemps. Sa prise en charge et ses traitements ne posent aucun problème grave. Au cours de l’année , il aura pourtant dû recourir à de nombreux actes et consultations : 1 consultation de routine avec son médecin vih par trimestre, et un bilan de routine à la même fréquence ; deux consultations de diététique, deux de dermatologie, une de cardiologie, une d’ophtalmologie, deux avec un dentiste ; il aura par ailleurs eu besoin de deux radios et d’un dosage plasmatique. Cela fait 19 consultations ou actes médicaux, pour le seul suivi des problèmes liés au vih.

Ce nombre déjà imposant peut malheureusement s’accroître rapidement : quand les bilans sont mauvais et qu’il faut un suivi plus fréquent ; quand la prise en charge d’affections opportunistes ou d’effets secondaires nécessitent l’intervention de spécialistes ; quand un suivi psychiatrique s’avère nécessaire ; quand on est coinfecté par une hépatite virale ; etc. Les soins et examens sont donc nombreux et diversifiés, ce qui implique que leur prise en charge soit performante, et qu’ils soient parfaitement coordonnés. Ce sont précisément ces deux aspects que l’UMP vient le plus d’attaquer.

Un impôt sur la maladie

L’article 20 de la loi réformant l’Assurance maladie instaure la mise en place d’un impôt sur la maladie : un forfait, pour l’instant fixé à un euro, devra être acquitté par la personne à chaque consultation ou acte médical. Les personnes malades paieront donc plus que les personnes en bonne santé.

Hugues, par exemple, devra au moins payer 19 euros pour son seul vih, là où un séronégatif n’aurait pas à verser une telle somme. Une personne coinfectée avec une hépatite virale paiera 30 euros, voire plus, en fonction des plafonds fixés par décret.

La remise en cause de l’Affection Longue Durée

Le forfait de un euro met déjà à mal la prise en charge à 100 % dont bénéficient les séropositifs ainsi que toutes les personnes sous le régime de l’Affection Longue Durée (ALD). Mais la loi va plus loin, en proposant que la prise en charge à 100 % soit soumise à un protocole de soins pré-établi, auquel la personne devra se soumettre sans contestation et sans avoir eu la possibilité de l’élaborer. Faute de quoi, il devra payer une partie de ses soins.

Il s’agit là d’une véritable remise en cause du rôle du malade dans sa prise en charge, ainsi que de la liberté de choisir son médecin. Là où nous avons besoin d’une meilleure coordination des soins et d’un travail en réseau des professionnels de santé, la droite impose un dispositif coercitif qui infantilise le malade et remet en question la gratuité des soins.

La protection des étrangers sans papiers

Joëlle est venue en France pour rendre visite à son fils. Elle a dû être hospitalisée d’urgence et a découvert lors de ses examens un cancer du col de l’utérus ainsi qu’une séropositivité au vih. N’étant pas en France depuis plus de trois mois, elle n’a pas pu bénéficier de l’Aide Médicale d’Etat. Puisqu’elle ne pouvait être prise en charge, le médecin du service de néphrologie a alors entrepris un véritable harcèlement moral à son encontre pour qu’elle quitte l’hôpital. Un jour il la rendait responsable du déficit de la sécurité sociale, un autre il lui demandait de rentrer chez son fils pour le week-end, et un autre encore elle a vu sa chambre donnée à un autre patient pendant qu’elle était au bloc opératoire et a ainsi dû passer la nuit sur un brancard. Pire, ce médecin a fait empêcher un traitement par laser de son cancer du col. Aujourd’hui Joëlle a dû changer d’hôpital pour avoir accés aux soins qui lui sont nécessaires et qui ne peuvent être pris en charge par l’Aide Médicale d’Etat du simple fait qu’elle n’est pas en France depuis plus de trois mois.

Voici un exemple concret des conséquences du démantèlement de l’Aide Médicale d’Etat. Les attaques de l’UMP contre l’AME ne cessent depuis décembre 2002 et prennent toutes les formes : effets d’annonce publique, réformes législatives, mesures réglementaires. Le gouvernement a dû parfois reculer face à la mobilisation associative, mais c’était pour prendre de nouvelles mesures quelques mois plus tard. L’instauration d’un délai de carence de trois mois équivaut ainsi à priver de soins toutes les personnes qui ne peuvent justifier de leur présence sur le territoire depuis moins de trois mois.

Dans le même temps, des préfectures ordonnent l’expulsion de malades sans-papiers dans des pays où ils ne pourront pas être pris en charge, ce qui signe leur arrêt de mort et est totalement illégal.