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communiqué de presse

la prison nous tue

vendredi 11 février 2000

Aujourd’hui, 40 militants d’Act Up-Paris, AC !, le PASTT et de l’OIP ont mené une action contre l’Administration Pénitentiaire, rue du Renard (4ème arrondissement de Paris) afin de dénoncer les conditions d’incarcération des personnes séropositives et malades du sida. Les militants ont manifesté pendant presque une heure aux cris de « séropos incarcérés, séropos assassinés », « Assez de lamentations : en prison, nous mourrons » et « Guigou : moins de paroles, des actes ».

À l’heure actuelle, l’état sanitaire des prisons n’est pas compatible avec l’asepsie et l’hygiène nécessaire à tout soin. La prison nous refuse le droit de choisir notre équipe médicale. Elle nous accorde au mieux trois douches hebdomadaires.
Elle nous impose un rythme qui ne correspondent pas à la prise en charge de nos pathologies. Elle favorise le développement de maladies opportunistes. Les besoins spécifiques au sida sont les mêmes en prison, mais les compléments nutritionnels, vitamines, produits d’hygiène... y sont rares et chers.

On ne nous soigne pas en prison. Au mieux nous sommes traités, au pire nous y devenons plus malades. Régulièrement on est gracié à la veille de mourir.
Etre soigné lorsqu’on a contracté le VIH ou le virus de l’hépatite C ne consiste pas seulement à prendre des traitements et à rencontrer un médecin compétent. Une politique de santé ne peut se limiter à l’octroi de médicaments.

Par ailleurs le secret médical est régulièrement violé en prison, du fait de la promiscuité, ou de la coopération des personnels médicaux avec le personnel pénitentiaire. De la même manière, la situation sociale des détenus est incompatible avec toute pathologie grave. Pendant la période d’incarcération les minima sociaux sont considérablement réduits. Et Madame Vergiat, référent minima sociaux auprès de Martine Aubry, déclare : « il ne peut pas y avoir de revenu minimum d’insertion en prison, parce qu’il n’y a pas de logique d’insertion en prison ». De son côté, Madame Viallet, directrice de l’Administration Pénitentiaire, déclare : « c’est tout de même une chance pour des personnes qui ont un niveau de qualification très bas, voire pas de qualification du tout d’être payées 17 F de l’heure » !

L’égalité des soins à l’intérieur et à l’extérieur de la prison, comme stipulé par la loi de janvier 1994, est directement liée à l’accès à un revenu pour les détenus. Nous refusons cette double peine : PRISON + MALADIE.

Act Up-Paris exige immédiatement :
 la non-incarcération de personnes séropositives, malades du sida, et/ou atteintes de pathologies graves ;
 l’amélioration des conditions de détention sans lesquelles les impératifs
de prévention et de santé ne peuvent être appliqués ;
 l’accès des détenus aux minima sociaux et aux allocations chômage.