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communiqué de presse

un malade assigné à résidence entame une grève de la faim

vendredi 7 janvier 2000

Un malade assigné à résidence entame une grève de la faim Youssef M., né au Maroc et vivant en France depuis son plus jeune âge, co-infecté par le VIH et le VHC, est assigné à résidence à Paris depuis plus de 30 mois, suite à une peine de 10 ans et six mois de prison.

Inexpulsable du fait de ses pathologies, mais pourtant sous le coup d’une Interdiction du Territoire Français liée à sa condamnation (ce que l’on appelle la double peine), il est depuis l’été 97 enfermé dans les limites de la ville, et surtout privé de tout titre de séjour par la Préfecture de Police de Paris, alors même que le Ministère de l’Intérieur s’est prononcé à quatre reprises pour l’attribution d’une autorisation provisoire de séjour avec autorisation de travail.

Sans-papiers officiel et malade, sa survie depuis trente mois dépend entièrement des dispositifs caritatifs, du logement jusqu’à la nourriture, puisqu’il n’a ni le droit de travailler, ni la possibilité d’obtenir le RMI ou l’Allocation Adulte Handicapé. Dans le grand cafouillage de la mise en place de la Couverture Maladie Universelle, il est actuellement dépourvu de couverture santé, son aide médicale ayant pris fin le 31 décembre dernier.

Youssef est pris en otage par les décisions contradictoires du Ministère et de la Préfecture. Celle-ci le convoque régulièrement pour des « examens de situation » qui reconduisent systématiquement sa situation invivable. Bien que nous désapprouvions pour d’évidentes raisons de santé les grèves de la faim de malades, Youssef, usé moralement et physiquement, a contre notre avis entamé depuis mercredi dernier une grève de la faim et arrêté de prendre son traitement.

Act Up-Paris tient le Ministère de l’Intérieur et la Préfecture de Police de Paris pour responsables des conséquences du geste de désespoir de Youssef M.

L’assignation à résidence est une entrave inacceptable à la liberté des personnes, un véritable bannissement intérieur. Aggravée par la privation de tout titre de séjour, elle condamne des malades à survivre dans des conditions insupportables. Parce que tous les malades doivent avoir accès au revenu et être libres de se faire soigner où ils veulent, Act Up-Paris revendique la suppression de l’assignation à résidence et de la double peine, et la régularisation de tous les sans-papiers.

Act Up-Paris exige du Ministère de l’Intérieur et de la Préfecture de Police de Paris, que la situation de Youssef M. soit régularisée dans les plus brefs délais.