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communiqué de presse

M6 n’aime pas les séropositifs

vendredi 30 mars 2001

M6 lance une nouvelle émission, Loft Story. Son principe : onze personnes doivent vivre en communauté dans une maison, en étant quotidiennement filmées. Des couples doivent se former. Après élimination progressive, le dernier couple doit rester uni pendant 6 mois pour gagner le prix.

Les organisateurs de l’émission ont annoncé que la sélection des participants passe par un examen médical au cours duquel on demande un test de dépistage du virus du sida et des virus des hépatites B et C. Imposer de tels tests est illégal et discriminatoire. Rien ne peut justifier de telles pratiques.

Selon le responsable de l’émission, A. de Gemini, M6 n’« imposerait » pas de test de dépistage. Cela dit, si vous refusez de passer ces tests, vous êtes refoulé - ces tests sont donc « imposés ». Selon le même A. de Gemini, M6 n’ « exclurait » pas les séropos. Mais, si vous l’êtes, tous les autres participants auront été informés par l’équipe de Loft Story de votre statut sérologique, au mépris du secret médical. Et selon ces responsables, il est « éthique et moral » d’informer les gens qui vont vivre avec vous que vous êtes séropo. Pour M6, nous, séropositifs, malades du sida, sommes potentiellement dangereux pour notre entourage : il faut donc l’avertir de notre état de santé.

M6 ne prend aucune précaution : instauration d’un test de dépistage obligatoire, violation du secret médical, discriminations fondées sur l’état de santé. La sauvegarde de son audimat est apparemment plus forte que le droit et le respect des séropositifs.

M6 n’aime pas les séropos. Que faut-il comprendre ? Que les personnes atteintes par le VIH n’ont pas de vie sexuelle ? Que nous sommes incapables de nous protéger ? Qu’une personne séropositive ne pourra avoir plusieurs partenaires ? Faut-il rappeler à M6 qu’une relation sexuelle se fait à deux et que de ce fait, la prévention se discute à deux.

M6 se moque en plus des impératifs de prévention : lorsqu’on lui parle de capote, de fémidon, de gant, de digue dentaire ou de gel ; lorsqu’on lui explique qu’un test de dépistage négatif ne préserve pas du VIH (fenêtre de séroconversion) ; lorsqu’on lui demande quel matériel de prévention sera mis à disposition des participants, A. de Gemini a honte et ne sait pas quoi répondre. Plutôt que d’informer clairement son public et les participants de ses émissions sur le VIH/sida et les MST, M6 préfère les laisser dans l’ignorance et se fait l’écho des clichés les plus éculés en matière de prévention.

En guise de dernière excuse, le responsable de M6 répète : « ce n’est qu’un jeu télévisé », sous-entendant que les malades que nous sommes auraient mieux à faire que de s’occuper de son émission. Il a raison : assurances, emploi, logement, crédits, traitements - autant de domaines où nous avons quotidiennement à combattre les discriminations dont nous sommes victimes. Nous avons effectivement mieux à faire que de nous occuper d’une émission de télé. Mais en important ces pratiques discriminatoires dans le cadre d’un jeu télévisé, M6 les légitime aux yeux du grand public. En refusant de faire de la prévention du sida, et en avouant leur ignorance dans ce domaine, les responsables de la chaîne deviennent complices de l’épidémie.

Nous exigeons des responsables de M6 :
 Qu’ils cessent toute pratique discriminatoire dans la sélection des candidats ;
 Qu’ils garantissent aux candidats l’accès au matériel de prévention : préservatifs, masculins ou féminins, gel, digues dentaires ou encore gants en latex et à une information claire sur les MSTet le VIH/sida.
 Qu’ils communiquent régulièrement auprès du grand public sur les risques de transmission du VIH/sida et les moyens de se protéger.

Dans le cas où M6 exigerait un test de dépistage et n’apporterait aucune garantie quant à la confidentialité de ces données, nous exigeons des autorités compétentes (CSA, Ministre de la Santé, Ministre de la Justice) qu’elles prennent les mesures nécessaires pour faire cesser ces pratiques.