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Edito

vendredi 28 novembre 2003, par Jérôme Martin

Après avoir violemment réprimé l’action des intermittents sur le plateau de la Star Ac’, TF1 a porté plainte contre eux. L’arme juridique est également celle que le laboratoire Pfizer a tenté d’utiliser pour nous intimider. Le 1er septembre 2003, nous maculions de faux sang leur façade vitrée. Nous dénoncions ainsi la responsabilité du laboratoire dans la signature d’un contrat à l’OMC, bloquant de fait toute possibilité d’exportation de génériques. Pfizer a porté plainte contre nous, réclamant le paiement de la facture de nettoyage. Une baie vitrée contre des millions de vies, c’est la priorité de l’industrie du médicament, celle-là même qui communique tous les jours, à la télé, dans « Un cœur qui bat », pour nous expliquer à quel point la recherche avance et que la générosité, la solidarité et la santé du monde entier sont au cœur de ses préoccupations.

Suite à un communiqué de presse où nous annoncions la plainte, Pfizer a décidé de la retirer et parle « d’un esprit de dialogue » dont ce geste serait témoin. Leur obscénité n’a aucune borne. Un de nos rôles est de rappeler, derrière l’image qu’ils se donnent, leurs responsabilités à touTEs celles et ceux qui se rendent complices de l’épidémie. Le pape en fait partie, ainsi que la récemment béatifiée Teresa. Depuis 25 ans, Karol Wojtyla assit son autorité et celle de l’Opus Dei sur une morale sexuelle intransigeante où les homosexuelLEs et les trans sont haïEs, et où la capote est condamnée. Qui pourra chiffrer les conséquences d’un tel discours dans la propagation de la pandémie ? Faudra-t-il attendre 50 ans — le temps qu’il a fallu à l’Eglise catholique pour reconnaître sa complicité envers les crimes nazis — pour que le Vatican fasse repentance et admette que sa politique contribue à transformer les pays du Sud en de vastes cimetières ?

Jean-Pierre Raffarin, lui, ne ressent plus le besoin de se construire une image. Son incompétence est désormais de notoriété publique, il continue, imperturbable, à coordonner le démantèlement de la protection sociale. Il a annoncé son programme par un beau lapsus le 24 octobre, à Châlons-en-Champagne : « faire en sorte qu’il puisse y avoir des difficultés pour tous ceux, qui, à un moment ou à un autre, se trouvent en situation de fragilité ». Les séropositifVEs et touTEs les précaires, qui sont en « situation de fragilité », savent à quoi s’en tenir. Révéler le visage réel de touTEs ces interlocuteurRICEs est indispensable. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi se donner les moyens de les contrer et d’imposer notre propre politique. Le dossier de ce numéro décrit comment nous tentons de nous réapproprier les instances de pouvoir, par l’action publique, la médiatisation, le lobbying ou encore la diffusion de l’information. Ni l’épidémie de sida, ni la politique du gouvernement ne sont des fatalités. Retrouvez-nous le 1er décembre prochain, journée mondiale de lutte contre le sida, à 18h30 au métro Barbes pour notre manifestation. React Up.