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« Plouf-plouf, c’est-toi-qui-au-ras-le-sida »

mercredi 19 novembre 2003

Le 20 novembre 2003, Sida Info Service lance une campagne nationale de promotion du préservatif féminin, commandée et financée par l’INPES et le Ministère de la Santé.

Attendue depuis 5 ans par les associations et alors que les femmes sont les oubliées du sida depuis 20 ans, cette campagne nous laisse perplexes quant à son impact en matière de prévention. Act Up-Paris dénonce les choix de fond et de forme de cette campagne.

Visuel de la campagne "Plouf-Plouf"

La forme, tout d’abord. La campagne Plouf Plouf, "volontairement axée sur un code couleur et graphique féminin et caricatural" (dixit le dossier de presse de Sida info service), est tout simplement méprisante pour les femmes et dramatiquement incompréhensible (voir ci-contre). Le préservatif féminin en est le grand absent. Ni montré, ni expliqué. Est-il d’ailleurs si horrible qu’il faille tirer au sort pour le mettre ? Et quand cessera-t-on de considérer la sexualité féminine comme une question de gamines effarouchées ? Et pourquoi pas "Plouf-plouf-c’est-toi-qui-au-ras-le-sida" tant qu’on y est ?

Le fond, ensuite. Après des années d’attente, la première campagne nationale sur le préservatif féminin se réduit à une campagne de promotion commerciale en officines. Le ministère de la Santé a choisi de ne s’appuyer que sur ceux qui ont toujours refusé de promouvoir — voire même de vendre, un outil disponible sur le marché français depuis 1998. 20 préservatifs féminins par pharmacie en 5 ans, et encore chez les seuls volontaires...

Qu’en est-il d’une diffusion massive et gratuite via les DDASS, les réseaux scolaires et universitaires, les médecins, les plannings familiaux, les associations de femmes et de lutte contre le sida ? Qu’en est-il d’une vraie campagne de prévention avec des relais de communication de masse, presse, affichage et télé ?

Ces précieux préservatifs subventionnés seront vendus pendant un mois en pharmacie au prix de 1 euro, soit presque 10 fois plus cher que ne l’avaient été les préservatifs masculins dans les années 90 ; mais aussi 6 fois plus cher que les préservatifs féminins subventionnés par le conseil général de l’Essonne en 2001. Enfin, affirmer que "maintenant on a le choix" c’est aussi nier l’impossibilité de négociation du préservatif que rencontrent de nombreuses femmes.

Dans un contexte où les femmes sont de plus en plus touchées par l’épidémie (52% des cas de contaminations en France en 2002 étaient des femmes), pourquoi lorsqu’il s’agit de FEMMES et de SIDA, dans un contexte national, les campagnes de prévention devraient-elles être sans envergure, sans le sou, misogynes et fières de l’être ?