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1er décembre 1996

l’épidémie n’est pas finie

dimanche 1er décembre 1996

On nous parle d’espoir, trithérapies oblige, on veut faire de 1996 l’année de l’espoir pour les séropositifs et les malades du sida. Le sida serait devenu une maladie chronique, nous dit-on.

Amplement relayé par les médias, cet enthousiasme des chercheurs et des médecins, enfin délivrés de leur impuissance thérapeutique, ne saurait masquer les inquiétudes des personnes atteintes face à ces traitements dont on connaît bien la lourdeur mais mal l’efficacité à long terme.

Par ailleurs, l’existence des multithérapies rend d’autant plus insupportables les inégalités qui s’accroissent dans la prise en charge des malades. Les détenus, les étrangers en situation irrégulière, les toxicomanes, les populations les plus précarisées et bien sûr les millions de personnes atteintes dans les pays en voie de développement demeurent privés de tout espoir.

Ainsi, les progrès thérapeutiques, pourtant incertains, créent l’illusion que l’épidémie est maîtrisée et, du même coup, évacue toute la dimension socio-économique de la lutte contre le sida. Lors de ses dernières Assises, une association comme Aides, qui aura beaucoup parlé cette année de « maladie chronique », a reconnu les limites d’un discours optimiste sur le sida. En effet, l’espoir des trithérapies a comme inconvénient majeur d’offrir aux autorités publiques une occasion inespérée d’échapper à ses responsabilités aussi bien en terme de prise en charge des séropositifs qu’en matière de prévention.

1996 restera surtout l’année des morts qui auront espéré des traitements venus trop tard pour eux : Silfide Kispredilov, Bernard Nihotte, Thierry Tozzi, Alain Valy, Dominique Cherdeville, Christian Motta, Jean-Philippe Lainé, Christophe Gayot, Pascal Schmitt, Jean-Claude Bruler, Christophe Peslerbe, Patrice Ayasse, Daniel Senille, Lionel Coppard, tous membres d’Act Up-Paris sont morts cette année.