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Lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault et Anne Hidalgo

vendredi 13 juin 2003, par Act Up-Paris, PASST

Les 12 et 13 juin se tiennent à Nantes les premières Rencontres des Villes sur la prostitution intitulées « Les politiques urbaines face à la prostitution ».

Ces journées, initiées par Jean-Marc Ayrault, Député-Maire de Nantes et Anne Hidalgo, première Adjointe à la Mairie de Paris, ont entre autres objectifs d’« établir un diagnostic partagé », et ce en l’absence totale de prostituéEs et de travailleurSEs du sexe. Le PASTT a pourtant demandé en vain au cabinet d’Anne Hidalgo une gratuité d’entrée pour une vingtaine de travailleurSEs du sexe (le prix d’entrée de 140 euros constituant pour elles un véritable obstacle).

Nous sommes scandalisés de voir que les décisions se discutent encore en l’absence des travailleurSEs du sexe, qui sont les premières concernées par ces mesures. Cela est d’autant plus consternant face à la situation d’urgence où les place la loi pour la sécurité intérieure de Nicolas Sarkozy, loi contre laquelle elles ont fait la preuve de leur mobilisation et de l’importance de leurs revendications.

De plus nous condamnons les politiques municipales mises en avant au travers du programme de ces journées : « arrêtés municipaux, demandes de renforcement des contrôles policiers, accompagnement social, mise "au propre" des lieux de passe (éclairage, aménagement) ». Ainsi ces journées n’offrent d’autre alternative que réinsertion forcée ou répression, et pas d’autre visée que d’invisibiliser la prostitution dans la clandestinité.

Nous nous alarmons par ailleurs de voir la place centrale donnée au modèle suédois. En criminalisant les clients, la Suède a instauré de fait une prohibition de la prostitution de rue. Nous nous en inquiétons d’autant plus au vu de la forte implication de la Mairie de Bordeaux lors de ces rencontres. Cette mairie a en effet tenté de détourner la législation sur le racolage pour criminaliser les clients.

Ces politiques répressives comdamnent les travailleurSEs du sexe à l’invisibilité et déteriorent leurs conditions de travail. Elles empêchent les actions des associations de soutien et de santé communautaire. Elles constituent ainsi une attaque directe à la santé de ces personnes.

Pour Jean-Marc Ayrault et Anne Hidalgo la parole des travailleurSEs du sexe ne compte pas, leur vie non plus.

Act Up-Paris et le PASTT exigent des municipalités que les politiques en matière de prostitution soient élaborées en collaboration avec les travailleurSEs du sexe.

Nous nous alarmons de leur visée répressive et attendons d’elles qu’elles mettent tout en œuvre pour faire obstruction à l’application de la loi pour la sécurité intérieure.

Ce qui peut être mis en place rapidement entres autres exemples dans le cadre des contrats locaux de sécurité, en créant des lignes téléphoniques d’avocats spécialisés, en augmentant les subventions des associations de soutien et de santé communautaire et non pas seulement au titre de la " réinsertion ". Face à l’urgence de la situation consécutive à la loi pour la sécurité intérieure nous exigeons des municipalité une politique de soutien envers les prostituéEs et les travailleurSEs du sexe, et non pas celle de mise en danger de leurs vies.