Accueil > International > G8 : Act Up-Paris publie la proposition française de déclaration sur la santé

G8 : Act Up-Paris publie la proposition française de déclaration sur la santé

mercredi 21 mai 2003

Act Up-Paris s’est procuré la proposition française de déclaration du G8 sur le thème de la santé au prochain sommet d’Evian (du 1er au 3 juin). Principaux extraits de ce texte [1] accompagnés de nos commentaires.

La déclaration du G8 réitère que « les membres du G8 s’engagent à remplir les obligations de la Déclaration d’Engagement sur le Sida de 2001 », qui était d’atteindre les 10 milliards de dollars de dépenses mondiales dans la guerre au VIH/sida.

La déclaration des chefs d’Etat et de Gouvernement « se réjouit de l’augmentation des efforts bilatéraux contre le VIH/sida », référence à l’annonce américaine d’un plan bilatéral de 15 milliards de dollars sur cinq ans pour lutter contre l’épidémie. Le texte mentione aussi la proposition du Président français d’organiser à Paris en juillet une conférence sur le financement de la lutte contre le sida.

Pour le moment, en dehors des Etats-Unis, les pays du G8 consacrent seulement 400 millions de dollars par an à la lutte contre cette maladie, selon les chiffres du Fonds Mondial contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme [2]. En avril, le FMI et la Banque Mondiale avaient d’ailleurs mis en garde les Ministres des Finances dans un rapport sur le VIH/sida : « Si la tendance budgétaire actuelle en matière de sida perdure, en 2003 l’aide internationale à la lutte contre le sida sera très inférieure au minimum absolu nécessaire pour assurer les activités de base en matière de prévention et de soins du sida, avec un fossé de 5 milliards manquant en 2004 » [3]. Le niveau d’engagement français, par exemple, se situe à seulement 50 millions d’euros par an pour 2003 et 2004.

Jacques Chirac appelle les autres pays à se mobiliser financièrement contre le sida depuis des années, commente Khalil Elouardighi d’Act Up-Paris. En 2001 le gouvernement français s’est lui-même engagé sur un objectif mondial de 10 milliards annuels pour la lutte contre la pandémie. Si à Evian les Etats-Unis annoncent qu’il font leur part de cet engagement, Jacques Chirac se doit au moins de faire aussi bien. Sinon Chirac, en se plaçant comme chantre de la solidarité avec l’Afrique et de la mobilisation contre le sida, se ridiculisera face à Bush. Sinon il se ridiculisera face à Bush, en se plaçant comme chantre de la solidarité avec l’Afrique et de la mobilisation contre le sida. »

Le président américain a en effet annoncé qu’il a bien l’intention d’utiliser les 15 milliards de dollars à Evian pour presser les autres leaders du G8 de faire leur part des engagements financiers de 2001. « Je vais emmener cette annonce en Europe comme symbole de la profonde compassion de notre pays envers ceux qui souffrent » a-t-il déclaré vendredi [4]. « Nous venons de donner au président le levier dont il a besoin pour amener les autres pays du G8 à rejoindre les Etats-Unis dans notre engagement à juguler la crise du sida » ajoutait le président du groupe républicain au Sénat Bill Frist.

« Si à Evian Chirac ne consent pas un effort financier contre le sida au moins proportionnel à celui de Bush, il aura définitivement prouvé que les Etats-Unis détiennent le monopole mondial non seulement sur le terrain la force, mais aussi celui du coeur » commente Chloé Forette de l’ONG Planet Africa. « Si le PNB de la France représente 1/6e du PNB américain, alors Chirac doit annoncer au minimum une contribution financière à la lutte contre le sida d’1/6e de celle du président américain. Jacques Chirac doit réagir, en annonçant dès maintenant au minimum 500 millions d’euros par an pour le sida. »


[1le texte intégral est disponible ci-contre au format pdf

[2Pledges and Contributions 2001-2003, March 31 2003, Global Fund to Fight Aids, Tuberculosis and Malaria.

[3Progress Report and Critical Next Steps in Scaling Up : Addendum - Fighting HIV/AIDS, April 1 2003, World Bank and International Monetary Fund.

[4Senate Approves AIDS Bill, Pleasing White House, May 2003, New York Times