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« 20 ans » stigmatise les séropos

vendredi 18 avril 2003

Aujourd’hui, une quinzaine de militants d’Act Up-Paris ont zappé les locaux du magazine 20 ans. En 3 mois, le magazine 20 Ans s’est illustré par des propos haineux envers les séropositifs et les homosexuels. Il a véhiculé des idées erronées sur la prévention auprès d’un public particulièrement mal informé sur le VIH.

Complice du sida

« Franchement, même avec un bon préservatif, un bon gel, et une crème spermicide ultradouce, il faut être suicidaire pour tenter le diable. Bien maligne celle qui peut repérer le fou, l’inconscient et le naïf total, susceptible d’être porteur sans même le savoir... ». 20 ans, février 2003.

Le magazine remet en cause la fiabilité du matériel de prévention, estime qu’il est « suicidaire » de coucher avec un séropositif et regrette qu’on ne puise pas « repérer » les personnes atteintes. Les malades sont traités de « fous » ou d’« inconscients ». Contactée par Act Up-Paris dès février dernier, Isabelle Chazot, rédactrice en chef, a refusé de publier des excuses aux personnes atteintes par le VIH et une mise au point sur la prévention, le dépistage et les traitements d1urgence.

Homophobe et sexiste

Le numéro d’avril 2003 contient une interview d’Alain Soral. Celui-ci tient des propos homophobes et sexistes (« la communauté des gays se fonde sur le refus de comprendre et côtoyer l’"autre" radical qu’est la femme et dont la réunion produit l’humanité », « les filles, elles, peuvent s’en sortir par l’échange sexuel »). Le magazine relaie avec complaisance ses propos et assure la promotion du dernier livre de l’écrivain. En février 2003, déjà, 20 ans avait publié un article affligeant sur les homosexuels.

Un lectorat exposé à l’épidémie

20 ans touche plus de 900 000 personnes, majoritairement un lectorat jeune, féminin. Ce public fait partie des personnes les plus exposées au VIH et les moins bien informées sur la sexualité en général. Par exemple, parmi les nouveaux cas de sida recensés en 2000 chez les 15-29 ans, 52 % étaient des femmes.

A toutes ces personnes, Isabelle Chazot affirme que les outils de prévention sont inutiles et qu’il faut stigmatiser les séropositifs. Elle assume des propos homophobes et sexistes.

Ce genre de discours n’a, depuis 10 ans, jamais été diffusé dans un média grand public, en dehors de la presse d’extrême-droite. Isabelle Chazot ne partage sans doute pas les mêmes combats que Le Pen, mais elle les relaie avec beaucoup d’enthousiasme.

Nous demandons à 20 ans de publier des excuses auprès des séropositifs, ainsi qu’une mise au point sur la prévention du VIH, le dépistage et les traitements d’urgence.