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Édito

février 2000

Il y a un an, Act Up-Paris a ouvert sa propre permanence juridique. Cela n’entre pas dans notre mode de fonctionnement habituel. Mais trop de malades nous ont sollicité, se plaignant d’administrations qui leur refusent des prestations légitimes.

Notre but n’était pas - et n’est toujours pas - de nous substituer aux services sociaux ou aux associations plus directement impliquées dans l’aide sociale aux malades. Cela relève de notre combat politique et de notre conception de la politique à la première personne.
Il s’agit pour nous, non seulement de montrer toutes les défaillances en terme d’accès aux droits des malades, mais également de donner à ces derniers les moyens de se défendre et débloquer leurs situations.

Un an plus tard, le bilan est édifiant : licenciements pour cause de maladie toujours honteuse, barrage à l’assurance, rejets face aux stigmates que nous imposent les effets secondaires de nos traitements, apartheid social total lorsqu’il s’agit de malades encore moins « honorables » (étrangers, toxicomanes, prostitué(e)s ...). De plus en plus de personnes arrivent dans un état de précarité flagrante, totalement méprisés par des administrations n’ayant rien à faire de leur état de santé. Les COTOREP nous refusent de plus en plus souvent l’AAH. Les CAF ne neutralisent pas nos ressources non imposables et réduisent le paiement de nos allocations. Les difficultés pour trouver un logement ont atteint un seuil intolérable. L’information sociale dans les hôpitaux est toujours diffusée au compte-goutte. L’aide à domicile se transforme progressivement en système de contrôle social. Les conditions de santé en prison sont catastrophiques. Les préfectures maintiennent les étrangers malades hors du champ des droits sociaux en accumulant des autorisations provisoires de 3 mois. La rigidité du système des tutelles emprisonne des malades qui pourraient aujourd’hui prendre eux-mêmes en charge leur pathologie. Les commissions de surendettement n’entendent pas la gravité de la situation de certains malades dont la santé est mise en danger par leur situation financière. L’accueil et l’écoute dans les administrations est toujours aussi déplorable. Enfin, le montant de l’AAH, seul moyen de subsistance pour beaucoup d’entre nous, est toujours aussi faible.

En face, la logique purement comptable d’un Etat qui n’a de cesse d’enterrer le sida et les fonds, pourtant insuffisants qu’il lui consacrait.
Depuis un an, en consultant la permanence juridique, plus de 300 personnes ont rappelé, que nous, malades du sida, ne sommes ni des nantis, ni des profiteurs,mais plus que jamais des précaires et des malades.

La suite de ce numéro d’Action = Vie : La permanence Juridique d’Act Up-Paris.