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Édito (I)

mars 2001

Les traitements actuels permettent à certains d’entre nous de reprendre un emploi. D’autres l’envisagent mais ne sont pas certains de pouvoir toujours l’assurer dans de bonnes conditions. D’autres encore subissent, par le biais de minima sociaux de plus en plus difficiles à obtenir, une sorte de chantage au retour au travail alors qu’ils ne le veulent pas.

En tout état de cause, en matière de droit du travail, la législation actuelle ne tient pas assez compte des problèmes spécifiques des personnes atteintes d’une pathologie grave comme le VIH.

Théoriquement, le respect du secret médical, la non-discrimination pour raison de santé et l’adaptation des conditions de travail aux personnes handicapées sont la règle. Mais ce droit est en pratique souvent malmené ou inapplicable.

De plus en plus de personnes nous sollicitent parce qu’elles sont victimes, sur leur lieu de travail, de harcèlement ou de discriminations liés à leur séropositivité, de menaces dues à leurs trop fréquents arrêts de travail, ou parce qu’elles ont été licenciées de façon abusive. Elles viennent autant du privé que de la fonction publique ou territoriale, de petites ou grandes entreprises.
Trois facteurs expliquent cette situation :

 L’adaptation des conditions de travail aux personnes handicapées demeure un grave problème. La logique économique des entreprises prévaut souvent sur les besoins des employés qui tiennent à travailler mais qui ne peuvent pas le faire de la même façon que les autres, du fait de leur état de santé.
 Les problèmes commencent souvent quand l’employeur apprend ou soupçonne la séropositivité d’un de ses employés. De nombreuses discriminations pourraient être évitées si un vrai travail d’information sur le VIH / sida était fait en entreprise. En attendant, les salariés doivent le plus souvent cacher leur état de santé sur le lieu de travail. Cela reste très difficile, ne serait-ce que parce que des absences répétées, les contraintes ou les effets secondaires des traitements signalent aux collègues ou aux supérieurs un grave problème de santé.
 Enfin, il est extrêmement difficile de faire valoir qu’on a été victime de discriminations ou d’un licenciement abusif. En cas de plainte, la charge de la preuve incombe au salarié, et l’employeur peut toujours invoquer un prétexte légal pour justifier ses décisions. Les lois sur le droit des malades et sur la modernisation sociale pourraient constituer une avancée en la matière, mais leur vote et leur application sont depuis un an constamment repoussés.

Toujours est-il que, pour beaucoup d’entre nous aujourd’hui, le retour au travail relève davantage du parcours d’embûches que du retour à la vie.

La suite de ce numéro d’Action = Vie : Séropositivité et droit du travail (I).