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Journée mondiale de lutte contre l’homophobie

En Afrique, l’homophobie des gouvernements fait le jeu de l’épidémie de sida

Kiss-in devant l’ambassade du Nigéria à Paris

jeudi 17 mai 2007

Des garçons embrassent des garçons, des filles embrassent des filles : derrières les murs de l’ambassade du Nigeria, elles et ils seraient mortes.

A l’occasion de la 3e journée mondiale de lutte contre l’homophobie, Act Up-Paris a fait un kiss-in devant l’ambassade du Nigeria pour protester contre l’homophobie d’Etat du président Obasanjo et en soutien aux personnes victimes d’homophobie, de lesbophobie et de transphobie au Nigeria.

L’homosexualité est considérée comme un crime au Nigéria et est punie de 14 ans d’emprisonnement ou de mort par lapidation, suivant la confession de l’accuséE. Pour le président Obasanjo, l’homosexualité est « anti-naturelle, anti-biblique et définitivement anti-africaine ». Le gouvernement du Nigeria s’apprête à publier une nouvelle loi interdisant les relations sexuelles entre des personnes de même sexe. Il entend également interdire toute manifestation publique ou artistique et toute organisation travaillant sur les sujets gays et lesbiens. Enfin, toute personne qui souhaitera témoigner, défendre ou exercer son droit d’association avec des personnes homosexuelles sera considérée comme criminelle.

De plus, faut-il le rappeler, les relations sexuelles entre hommes sont illégales dans plus de la moitié des pays africains et les gays sont ignorés par les programmes de prévention alors que les rares études scientifiques qui ont pu être réalisées montrent clairement le rôle important que joue la spécificité gay dans l’épidémie de sida africaine.
Dans certains pays, la prévalence du VIH parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes atteint ou dépasse les 20 %. A titre d’exemple, selon une étude menée entre 2005 et 2006, elle est de 38,3% à Kilifi au Kenya et de 21, 5% à Dakar au Sénégal [1] .

25 ans d’épidémie de sida nous ont appris que la répression qui pèse sur les minorités sexuelles est une barrière à la mise en place de stratégies efficaces de lutte contre la pandémie. Comment imaginer mener des études ciblées sur les homosexuels ou développer des actions de prévention, de dépistage et d’accès aux soins auprès d’eux quand ils ne peuvent pas, comme au Nigeria, se dire homosexuel, rencontrer des membres de leur communauté ou même se défendre en cas d’attaques homophobes ?

Alors que les homosexuels sont déjà les oubliés de la lutte contre le sida dans les pays en développement, les gouvernements africains qui instituent et encouragent l’homophobie d’Etat sont les complices objectifs de l’épidémie.

Act Up-Paris s’insurge contre les pays criminels qui condamnent l’homosexualité et contre l’indifférence complice du gouvernement français.

Act Up-Paris exige :
 la dépénalisation de l’homosexualité dans tous les pays où les LGBT sont condamnéEs ;
 la mise en place de programmes de prévention spécifiques destinés aux homosexuels en Afrique ;
 l’inscription de la Journée mondiale contre l’homophobie au calendrier officiel français, conformément à l’engagement de Dominique de Villepin en mai 2006 ;
 le soutien par la France de la pétition pour la dépénalisation de l ‘homosexualité dans le monde ;
 la condamnation par le ministère des Affaire Etrangères de toute attaque à des personnes LGBT dans le monde et l’octroi de l’asile aux LGBT persécutéEs dans leur pays d’origine ;
 une politique ferme et engagée de la France pour lutter contre le sida et les discriminations homophobes dans le monde.


[1Source : Frits Van Griensven,14e CROI, Conference on retrovirus and opportunistic infections.