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Avis des médecins suisses sur la transmission du VIH : cherchez l’erreur

mercredi 30 janvier 2008

Sur la base d’une synthèse de données disponibles depuis quelques années, la Commission Fédérale pour les problèmes liés au Sida (CFS) suisse doit annoncer dans le Bulletin des médecins suisses du 30 janvier 2008 qu’ « une personne suivant un traitement antirétroviral avec une virémie entièrement supprimée [1] ne transmet pas le VIH par voie sexuelle ».

Dans le cas où cette nouvelle serait confirmée, elle aurait des conséquences importantes pour les personnes séropositives et leurs partenaires sérodifférentEs ainsi que sur les politiques de prévention. Toutefois, la CFS précise que son affirmation ne remet pas en cause la stratégie de prévention appliquée en Suisse.

L’avis émis par la commission suisse concerne seulement le cadre très restrictif de couples sérodifférents, hétérosexuels stables où la personne séropositive a une observance parfaite de son traitement, une charge virale (mesure de la quantité de virus dans le sang) en dessous du seuil de détectabilité depuis au moins six mois, une absence d’Infections Sexuellement Transmissibles (IST), ce qui suppose une absence totale de relations extraconjugales.

Cette annonce qui porte sur les couples sérodifférents ne concerne donc pas les 40% de malades sous traitement ayant une charge virale résiduelle malgré une bonne observance du traitement, et les 20% de séropositifVEs sans traitements. Elle n’est pas non plus applicable à la situation des homosexuels et aux rapports anaux en l’absence de données sur cette question ou dans cette population.

La CFS reconnaît elle-même que « d’un point de vue strictement scientifique, les éléments médicaux et biologiques disponibles à l’heure actuelle ne prouvent pas qu’[une charge virale indétectable] empêche toute infection au VIH ».

On peut s’étonner que des médecins suisses aient choisi de faire cette annonce sans attendre les résultats d’une large étude de cohorte en cours visant à documenter la transmission sexuelle du VIH sous traitement efficace dans des pays occidentaux.

Act Up-Paris met en garde contre le danger que feraient courir les discours imprudents, triomphalistes ou désinvoltes qui donneraient une interprétation des déclarations du CFS hors du cadre précis qu’elles définissent ou qui négligeraient d’en préciser ce cadre.

Act Up-Paris exhorte les chercheurSEs qui travaillent sur cette question à publier des données complémentaires.

Act Up-Paris attend du groupe d’expertEs françaisES qu’il rende des conclusions tranchées sur le risque de transmission des personnes sous traitement dans l’édition 2008 du rapport sur la prise en charge médicale des personnes infectées par le VIH.


[1Dont la charge virale est indétectable dans le sang.